Comment fabriquer le compost de broussailles
1. Récoltez :
– Coupez les branches et les rameaux en sève, vivants, munis de leurs feuilles, sans tri ni dosage et cela. du printemps jusqu’à l’automne.
– Eléments venant de talus : prunelliers, fruitiers, épineux, ronce (gants).
– Tailles de haies : ligustrum, lilas, ifs, charmes.
– Herbacées en voie de ligni?cation : orties, fougères, chardons (avant floraison).
– Dans le cas de préparation manuelle du compost :
– le diametre des rameaux ne peut dépasser 8 mm, longueur à peu d’importance.
– Dans le cas de préparation mécanique :
– on peut utiliser n’importe quel diametre suivant le broyeur mis à sa disposition, à condition de reduire la matière a 8 mm d’épaisseur.
À déconseiller : les éléments résineux : peu de bois ou d’aiguilles de pin, sapin, mélèze; pas de bruyères ou lauriers (décomposition trop lente, matière trop acide).
À proscrire : les herbes tondues, les graminées (blé, orge, seigle, foin, paille).
Les légumineuses : trèfle, luzerne, sainfoin.
2. Tri
– Tout ce qui n’est pas “semi-ligneux” sera séparé, réservé à un tas de compost ordinaire.
– Tout ce qui est souple et vert, inférieur à 8 mm d’épaisseur ne doit pas être broyé.
C’est quand elles ont plus de 8 mm, qu’il faut découper les branches au sécateur (5 à 10 cm de long), le broyeur ne servant que pour les grosses quantités.
3. Trempage et lmprégnatlon
– La matière broyée ou non doit étre trempée dans les 12 heures au plus tard. Ne jamais dépasser 24 heures. pour éviter le dessèchement de la sève qui constitue la partie vivante du compost.
– l’imprégnation dure 24 heures, en maintenant toute la matière immergée par des poids (ne pas dépasser les 48 heures).
On retire à la fourche la matière imprégnée, et on la dispose en tas sur l’aire de précompostage.
Ne pas jeter le liquide. ll servira de ferment pour les trempages suivants.
4. Précompostage (fermentatlon anaérobie)
Avec la matière végétale imprégnée d’eau, on confectionne un tas bien tassé, qui va rester en place à même le sol, jusqu’à obtention d’un volume obligatoire de 4 m3 minimum.
ll peut étre préparé en plusieurs jours ou plusieurs semaines. On dispose en fait de toute la période printemps-été, du moment que l’on maintient son taux d’humidité.
Le précompostage de 21 jours commence toujours lorsque le tas est terminé.
La fermentation bactérienne se manifeste très vite par une chaleur interne du tas pouvant atteindre 70-80 °. On peut faire autant de tas qu’on a de fois 4 m3.
5. Compostage de 90 jours (fermentation aérobie)
– Passé les 21 jours de précompostage, on ouvre le tas en le cardant à l’aide d’une fourche recourbée, a?n de l’aérer au maximum.
– Les matières devenues très légères devront être remises en un second tas, le tas de compostage dont les dimensions sont rigoureuses, soit 2.20m à la base et 1.60m à la plus grande hauteur, en forme de pyramide allongée, dont la longueur peut varier d’après la quantité de matière dont on dispose.
A l’inverse du précompostage, les végétaux en décomposition seront « très aérés ».
Pour terminer, le tas de compostage doit être recouvert d’une couche de 2 cm de terre, puis de branchages grossiers, de paille ou de toile de jute. Cette couverture évite les pertes de chaleur par le vent et empêche la pluie de trop pénétrer à l’intérieur. Ne pas utiliser de toile plasti?ée, l’air doit circuler librement dans le tas. Ceci constitue la phase hivernale.
Utilisation du compost
– Ne peut être utilisé qu’en surface.
– Pour vos semis en ligne ou à la volée, procéder comme pour un semis classique dans le sol, puis recouvrir le sol de 7 cm d’humus vivant sans aucun arrosage.
– Pour les semis ou plantations faits ultérieurement à l’épandage du compost : ouvrir un sillon ou un trou dans la nourriture originelle du sol, semer ou planter et recouvrir. (Même les graines de carottes passent au travers des 7 cm de compost!)
Que planter ?
Tout, légumes, plantes aromatiques, vignes, fruitiers, peu importe la grosseur de la graine.
Remarques générales
– 4 m3 couvriront 60 m2 la première année, à raison d’une couche de 7 cm de ce compost. minimum indispensable pour empêcher les mauvaises herbes de pousser et pour conserver une température constante de 21°.
Comme la terre ne “digère” que 3 cm de compost par an, le nouveau tas de 4 m3 de la deuxième année permettra d’agrandir votre surface de culture en conséquence, jusqu’à atteindre 100 m2 les années suivantes.
– Le compost de broussailles se suffit à lui-mème. ll est exclu d’employer des compléments de quelque nature que ce soit.
– Si l’ensemble du tas ne peut être utilisé de suite, on peut reformer un tas et entamer un nouveau compostage de 90 jours, ce qui donnera un compost de 180 jours à la texture très fine ayant l’aspect du terreau.
– La surface mise en culture doit être impérativement d’un seul tenant (ni chemins ni sentiers). Toute la surface doit être couverte, c’est une condition essentielle à la réussite.
– Ce compost convient pour des étendues modestes, à échelle humaine, non pour des plaines canadiennes. La rendement étant de 3 à 4 fois supérieur : 50a = 2 Ha, ce qu’il faut pour faire vivre un maraîcher.
– ll faut provoquer l’aide entre voisins.
– pour faciliter les travaux de manutention, les quantités manipulées seront plus importantes (le partage du compost peut se faire équitablement).
– afin d’éviter les gaspillages : apport de branchages qui auraient été brûlés ou évacués avec di?îculté.
– pour récolter le long de talus et terrains abandonnés en quantités suffisantes.
– pour investir dans un matériel de base si nécessaire.
Conclusion
Cette recette dz compostage de broussailles, vieille de plus de 800 ans, nous apporte des produits sains, savoureux, sans aucune maladie, sans aucun traitement, sans arrosage, sans bêchage, sans couvert et sans binage.
Nous sommes en présence de moyens extraordinaires. Sachons les mettre en valeur et nous en servir sagement. Ces méthodes ont été établies pour des raisons humanitaires et non pour des buts lucratifs.
Eric Severin
Lasne Nature asbl 2009